Les propositions de Prism’emploi pour adapter le contrat de travail temporaire aux besoins des moins de 25 ans
En raison de la crise sanitaire et de ses effets, les quelques 800 000 jeunes qui entrent chaque année sur le marché du travail sont confrontés à des difficultés importantes, au point d’évoquer une génération sacrifiée. La baisse des recrutements des jeunes diplômés en 2020 (-26% selon l’Apec) est un signal préoccupant, d’autant qu’elle devrait se perdurer plusieurs années (toujours selon l’APEC) très en dessous du niveau d’avant crise.
De son côté, l’intérim est un véritable allié pour la jeunesse. C’est un vecteur d’intégration clé pour près d’un million de jeunes (soit 250 000 équivalents emplois temps plein). Les agences d’emploi sont souvent les seules entreprises à leur faire confiance et à former les moins qualifiés d’entre eux (350 000 formations opérationnelles délivrées chaque année).
Dans ce contexte préoccupant pour l’emploi des jeunes, notre secteur peut, grâce à son réseau de 10 000 agences, agir à grande échelle. Nous sommes prêts à prendre des engagements concrets en faveur de l’insertion des jeunes, en collaborant avec tous les acteurs de l’emploi, notamment Pôle emploi, dans le cadre de la convention de partenariat signée le 12 mai 2021 ou avec les missions locales, avec qui nous renouvelons notre partenariat.
Aujourd’hui, de nombreux mécanismes d’accès à l’emploi qui ont déjà fait leur preuve pour les jeunes méritent d’être enrichis dans ce contexte inédit : un accompagnement individualisé et intensif pour sécuriser les personnes et améliorer l’appariement entre l’offre et la demande d’emploi ; la poursuite du mouvement de réduction du coût du travail pour les premiers niveaux de qualification ; la suppression de certaines rigidités du contrat de travail temporaire qui apparaissent aujourd’hui contreproductives au regard des protections apportées par ce contrat.
Nous appelons à un grand plan sectoriel pour l’emploi des jeunes, qui tienne compte de leurs besoins et de leurs attentes. Nous proposons des mesures concrètes, appuyées sur des objectifs chiffrés qui seraient définis en collaboration avec les pouvoirs publics. Nous pouvons donner à notre jeunesse des perspectives d’emploi solides grâce au travail temporaire.
Proposition n°1 : Pour un travail temporaire plus flexible sans sacrifice sur la protection sociale et la sécurité juridique
Les jeunes trouvent aujourd’hui dans le travail « à la demande » via les plateformes numériques des souplesses qui conviennent à leurs contraintes, mais au prix d’une protection sociale bradée et d’une insécurité juridique pour les entreprises qui y ont recours.
Une synthèse entre la souplesse offerte par ces plateformes et les protections offertes par le salariat est tout à fait possible au prix d’aménagements limités du travail temporaire, aménagements suggérés par les partenaires sociaux de la branche depuis l’accord du 10 juillet 2020.
Concrètement :
- Du point de vue de l’encadrement juridique, nous proposons de supprimer les délais de carence afin d’encourager l’allongement des missions. Nous proposons également la suppression des motifs de recours, l’allègement du formalisme de la déclaration à l’embauche, la facilitation du travail en soirée et le dimanche.
- Du point de vue du coût du travail, nous invitons à ce que l’indemnité de fin de mission (IFM) et l’indemnité de congés payés (ICP) – qui s’élèvent à 20% du salaire – soient exclues de l’assiette de la rémunération pour le calcul des allégements de charges et qu’elles ne soient pas assujetties à cotisations sociales (jusqu’à 1,3 Smic, par exemple). Cette disposition permettrait, sans modifier le salaire brut du jeune, d’en réduire significativement son coût (-8,6% pour un salaire au niveau du Smic).
Proposition n°2 : Pour accélérer l’acquisition de compétences vers un emploi stable et durable
La sécurisation des parcours professionnels repose largement sur la mise en place de mécanismes incitatifs à l’acquisition de compétences essentielles pour entrer dans la vie active, qu’elles soient de nature techniques et associées à un ou plusieurs métiers, transversales (maîtrise du français, compétences numériques) voire comportementales et relationnelles.
C’est la raison pour laquelle nous proposons la mise en place de parcours modulaires, composés d’éléments différents et adaptables aux besoins spécifiques de chacun d’entre eux.
Concrètement :
- Pour les Neets (Not in Education, Employment or Training) : nous recommandons la mise en place d’actions intensives tournées vers l’acquisition des compétences relationnelles et numériques indispensables pour travailler en entreprise. L’agence d’emploi superviserait par ailleurs la construction d’un parcours professionnel.
- Pour les étudiants qui sont réputés relativement autonomes dans la construction de leur parcours de formation : les cotisations (légales et conventionnelles) portant sur la formation (environ 3%) seraient supprimées et remplacées par une dotation au compte personnel de formation (CPF) du même niveau (une enveloppe correspondant à 3% de la masse salariale) permettant de simplifier la mise en œuvre, au bon moment, d’actions de formation et d’accompagnement adaptées. Un mécanisme incitatif du versement de cette dotation favoriserait l’engagement dans l’emploi.
- Pour les jeunes diplômés : un service d’accompagnement pour la recherche d’emploi, visant à faciliter leur insertion professionnelle, leur serait proposé, en complémentarité étroite avec l’APEC.
Proposition n°3 : Pour un nouveau parcours d’accompagnement et de formation innovant à destination des jeunes les plus éloignés de l’emploi
Cette ingénierie reposerait sur plusieurs étapes permettant de garantir la bonne adaptation des outils et de sécuriser le parcours du jeune du début jusqu’à la fin du parcours (au sein ou non de la branche).