Le Travail Temporaire ou la Grande Ecole de l’alternance

Depuis plus de 20 ans, la branche du travail temporaire a développé une ingénierie de formation à l’efficacité éprouvée. Avec des taux d’emploi de plus de 80% au cours de l’année suivant la formation pour les Contrats d’Insertion Professionnelle Intérimaire (CIPI) et pour les Contrats de Développement Professionnel Intérimaire (CDPI), plus de 10 000 salariés intérimaires sont concernés chaque année. En outre, il s’agit souvent de salariés à faible niveau de qualification initiale, qui bénéficient d’un parcours emploi-formation sécurisé personnalisé grâce à ces deux contrats. Quels sont les ressorts de cette performance élevée dans notre branche par nature intersectorielle ?

La territorialité, dimension essentielle des dynamiques d’emploi

Le travail temporaire accompagne les trajectoires économiques des secteurs d’activité et des territoires sur l’ensemble du territoire. Les 10 000 agences d’emploi constituent un maillage fin du territoire en métropole et dans les DROM.  De ce fait, elles développent une connaissance approfondie des besoins en compétences des bassins d’emploi par leur proximité opérationnelle avec les entreprises. Elles sont alors en mesure de mettre en œuvre des solutions de formation pour répondre à des besoins précis et identifiés.

“C’est la raison pour laquelle l’intérim est aussi une Grande Ecole de l’alternance !”, déclare Isabelle Eynaud-Chevalier, déléguée générale de Prism’emploi. En effet, au salarié intérimaire nouvellement formé, l’agence d’emploi proposera rapidement des missions. La mise en pratique des compétences acquises en formation produit ses effets immédiatement et favorise l’ancrage des acquis car elle est adaptée aux spécificités du poste de travail et à une culture d’entreprise singulière. “Le continuum emploi-formation est la clé du succès des insertions dans l’emploi obtenues par les CIPI et les CDPI”, poursuit-elle.

“Nous faisons du sur-mesure pour chaque personne”

La seconde clé de l’efficacité réside dans la souplesse et l’adaptabilité des dispositifs de la branche et la prise en compte de la situation sociale du salarié. L’offre de services du FASTT contribue à lever les freins à l’emploi et à la formation. Proposer une solution de mobilité ou de logement pour accéder à une formation peut s’avérer tout aussi crucial que… la formation elle-même. “Il faut à la fois partir des besoins des entreprises et accompagner les personnes individuellement. C’est ce que les agences d’emploi réussissent à faire avec les salariés intérimaires parce qu’elles connaissent bien leur situation et leurs aspirations personnelles”, précise Isabelle Eynaud-Chevalier.

Quitte à bousculer les idées reçues, Prism’emploi soutient que la formation n’est pas une finalité en soi. Le développement des compétences s’obtient aussi en mission. Nombre de salariés intérimaires sans formation initiale parviennent à sécuriser leur parcours sans nécessairement avoir recours à la formation. D’où provient ce paradoxe ?

La crise révèle les compétences “cachées” des salariés intérimaires

L’étude sur les compétences transversales des salariés intérimaires menée par l’observatoire de l’intérim et du recrutement démontre la diversité des compétences dites comportementales que les salariés développent, du fait précisément de la spécificité du travail en intérim. Délégué dans une entreprise tierce, un salarié intérimaire doit s’adapter à des collectifs de travail successifs et variés, s’organiser pour gérer ses missions, identifier les informations nécessaires au bon déroulement de sa mission, acquérir des expériences variées dans le domaine de la sécurité et tout ceci avec une grande réactivité… Autant de compétences transférables qui sont au cœur de la réussite d’une évolution professionnelle sur son territoire de vie.

En outre, dans la dynamique impulsée par la crise Covid, une prise de conscience collective s’est établie de la nécessité de repositionner des salariés, dans un temps très court et si nécessaire avec un changement de métier et de secteur ! La mobilisation des compétences transversales des salariés intérimaires constitue donc le moteur de ces reconversions dans un contexte sanitaire et économique mouvant, un véritable « cas d’école » mais en grandeur réelle.

Les compétences transversales, au cœur des mobilités professionnelles

Ainsi, la capacité à changer de métier et de secteur, sans préjugé et sans barrière, en s’appuyant sur des compétences transférables et comportementales pour acquérir ensuite les compétences techniques utiles et accéder à une plus grande polyvalence sont bien des atouts fondamentaux. Et compte tenu de leurs changements d’environnement de travail réguliers, les salariés intérimaires développent ce type de compétences plus naturellement que les autres salariés.

Enfin, partager ce savoir-faire en matière de lecture des compétences et de construction de parcours professionnels avec les acteurs publics de l’emploi dans une logique partenariale est un axe stratégique de Prism’emploi. Les conventions de partenariat régulièrement renouvelées avec Pôle emploi, les Missions locales et les conseils régionaux, en sont l’illustration concrète. Creuset d’innovation et d’expérimentation, la branche du travail temporaire contribue ainsi, en temps réel, à l’accompagnement des transformations du marché de l’emploi.

Florence Lucas
Florence Lucas
Florence Lucas est Directrice de la formation professionnelle et de l'emploi chez Prism'emploi.

Ses autres articles

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire !
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Articles associés

Derniers articles

L’IA Act constitue un cadre solide pour l’utilisation de l’IA dans les services RH

Publié au Journal officiel de l'Union européenne le 12 juillet 2024, le règlement européen sur l’intelligence artificielle, IA Act, entre progressivement en application. Première législation générale au monde sur l’intelligence artificielle, il vise à encadrer le développement, la mise sur le marché et l’utilisation de systèmes d'intelligence artificielle (IA), qui peuvent poser des risques pour la santé, la sécurité ou les droits fondamentaux et repose sur une approche par les risques.

La directive européenne corrige le déséquilibre des pouvoirs dans le cadre du travail via une plateforme

Professeur à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, Grégoire Loiseau commente la directive européenne relative à l’amélioration des conditions de travail dans le cadre du travail via une plateforme, publiée le 11 novembre 2024.

« Le travail n’a plus la place centrale qu’il avait dans la vie des Français »

Essayiste et analyste de la société française, Jérôme Fourquet est directeur du département « Opinion et stratégies d’entreprise » de l'Institut français d’opinion publique. Pour Prism’emploi le Blog, il analyse l’évolution du rapport au travail des Français.

Vous souhaitez recevoir les derniers articles ?

Abonnez-vous à nos alertes.