L’intérim, un tremplin vers l’emploi pour tous les jeunes

Alors que le taux de chômage des jeunes s’établit à 17,4 % en France (contre 14,8 % en moyenne en Europe) et que celui des actifs sans diplôme est près de trois fois supérieur à celui des bac + 2, le secteur du travail temporaire s’emploie à renforcer l’employabilité des jeunes. L’étude « Les jeunes intérimaires – Analyse croisée des parcours et de leurs attentes » menée par l’Observatoire de l’Intérim et du Recrutement, s’est penchée sur les attentes des intérimaires de moins de 25 ans et la qualité de la réponse apportée par notre secteur.
Quelles sont les attentes des jeunes intérimaires en matière d’emploi selon l’étude de l’Observatoire de l’Intérim et du Recrutement ?

Cette étude a d’abord mis en lumière une répartition de la population des jeunes intérimaires, qui se divise en deux profils distincts. D’abord, les étudiants, qui représentent 48 % des jeunes intérimaires et qui présentent des spécificités en termes d’attentes et de besoins. L’intérim est une vraie solution d’emplois disponibles, facilement accessibles pour ces profils qui n’ont presque aucune expérience professionnelle et qui travaillent d’abord pour faire face à leurs besoins, notamment le financement de leurs études (la raison première pour 46 % d’entre eux).

On peut penser que ces profils « subissent » l’intérim plus qu’ils ne le choisissent, mais ce n’est pas le cas, car l’intérim apporte des solutions que d’autres formes d’emploi n’apportent pas : on est quasiment sur un dispositif d’alternance ! L’adéquation avec leur agenda académique, notamment, est essentielle. La flexibilité de l’intérim leur permet de mieux gérer leur temps et leurs ressources, alors qu’un tiers des jeunes interrogés indique rechercher l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle. Parmi les jeunes interrogés, 61 % saluent le fait que les agences d’emploi sont en mesure de leur proposer des missions lorsqu’ils en ont besoin.

« 48% des jeunes intérimaires sont étudiants »

Il y a une autre population, pour qui c’est la première entrée dans le monde du travail. Cette catégorie a des attentes différentes, elle recherche d’abord de l’expérience, de la formation et la découverte du milieu professionnel. Les entreprises de travail temporaire les accompagnent dans l’insertion, dans la montée en compétences, et éventuellement dans le placement dans leur future entreprise, en CDD ou CDI. Pour eux, s’adresser à une agence d’emploi est une démarche plus facile que de pousser la porte de France Travail. Les contacts qu’entretiennent les entreprises de travail temporaire (ETT) avec les entreprises utilisatrices (EU) n’y sont pas étrangers. Nous savons quels secteurs sont en situation de pénurie et là où il faut former les jeunes. Cela nous oblige à déployer des accompagnements différents et adaptés.

Il existe un point commun entre ces deux profils : tous viennent chercher un emploi dans un cadre social sécurisé, alors que le marché du travail « s’uberise ». Ils apprécient la mutuelle, la complémentaire retraite, et des contrats sécurisés, sans compter l’aspect rémunération. Rappelons que la rémunération d’un intérimaire s’élève à 20% au-dessus du SMIC, du fait des indemnités de fin de mission et du paiement des congés payés. Autant d’éléments en faveur de l’intérim par rapport aux contrats moins-disants.

L’intérim n’est-il donc qu’une solution ponctuelle pour ces jeunes ?

Bien au contraire, c’est un excellent tremplin en faveur d’une insertion durable ! Les ETT jouent un rôle d’accompagnement non négligeable pour ces jeunes qui se confrontent souvent pour la première fois au marché du travail : 20 % des jeunes intérimaires déclarent choisir le travail temporaire pour découvrir de nouvelles expériences professionnelles, avant d’opter définitivement pour un métier.

De même, 19 % d’entre eux mentionnent, parmi les facteurs les plus intéressants, la possibilité offerte par l’intérim de travailler pour de multiples entreprises. Cet accompagnement est encore plus nécessaire pour les 11 % des jeunes qui s’engagent dans l’intérim sans qualification. Ces profils peuvent se heurter à un marché du travail très sélectif qui peut décourager ces candidats.

« Plus d’un jeune sur deux (51 %) diplômé d’un CAP ou d’un BEP a opéré une reconversion via l’intérim »

N’oublions pas non plus que les attentes des jeunes évoluent. Les filières qu’ils ont initialement choisies ne se concrétisent pas toujours comme ils l’imaginaient sur le marché du travail, et les cas de reconversion sont fréquents : plus d’un jeune sur deux (51 %) diplômé d’un CAP ou d’un BEP considère que l’intérim lui a permis de réaliser une transition vers un nouveau projet professionnel. Ces reconversions sont rendues possibles grâce aux ETT, qui permettent aux jeunes d’enrichir leurs compétences et donc de développer leur employabilité.

Par ailleurs, 18 % des jeunes intérimaires se sont vu proposer un CDI par une entreprise utilisatrice, ce qui leur permet d’intégrer durablement le marché du travail. Et pourtant, une grande majorité (75 %) des jeunes auparavant intérimaires interrogés dans notre étude affirme se projeter à court terme dans des missions d’intérim. Il faut dissocier l’image « ponctuelle » des missions d’intérim, de celle du parcours d’intérim global qui est réalisé par ces jeunes. Celui-ci est pensé et approfondi par les ETT pour répondre aux objectifs à long terme des jeunes.

Au-delà de la mise en relation avec les entreprises utilisatrices, vous constatez donc que les agences d’emploi assurent un réel rôle d’accompagnement pour ces jeunes ?

Je le constate au même titre que les jeunes que nous avons interrogés ! Plus d’un jeune intérimaire sur deux (55%) se dit très satisfait de son agence d’intérim, et plus de 9 sur 10 en sont au moins plutôt satisfaits. Pour une bonne raison : les ETT n’ont pas vocation à accompagner un jeune qui passerait d’échec en échec, mais bien de le sortir de ces échecs. C’est pour cette raison que l’intérim bénéficie d’une bonne perception auprès des jeunes.

Parmi les facteurs clés de cette bonne perception, on retrouve l’accompagnement dans les démarches ainsi que l’établissement d’un parcours personnalisé, mais également le soutien apporté dans la relation avec les entreprises utilisatrices. Les agences sont nombreuses par exemple à dialoguer avec les jeunes et elles proposent des horaires de mission qui sont des plannings sur mesure. Elles assurent aussi un rôle social : les jeunes sollicitent parfois leur agence pour des rendez-vous médicaux et d’autres démarches administratives.

« Plus de 9 jeunes sur 10 sont très satisfaits ou plutôt satisfaits de leur agence d’emploi »

L’intérim fournit un statut protecteur pour ces jeunes en début de carrière que d’autres formes d’emploi flexibles n’assurent pas : un critère crucial quand on sait que 57 % des jeunes soulignent l’importance d’avoir une bonne couverture santé et 50 % un accompagnement à l’accès au logement ou des aides au logement.

C’est d’ailleurs pour cette raison que les jeunes sont attentifs aux dispositifs mis en place par la branche, notamment par le Fonds d’Action Sociale du Travail Temporaire, qui les accompagne dans leur mobilité ou encore leur accès au logement.

Entre cet accompagnement de proximité et la capacité des ETT à s’adapter aux besoins des jeunes, je suis convaincu que, dans les années à venir, ils seront de plus en plus nombreux à se tourner vers l’intérim, quel que soit leur niveau de qualification.

Pour consulter les archives des invités : Lire les articles de nos invités 

François PINTE
François PINTE
François Pinte est Vice-président de l’Observatoire de l’Intérim et du Recrutement. Pour en savoir plus : https://observatoire-interim-recrutement.fr/. François Pinte est Secrétaire Général d'Actual Group.

Ses autres articles

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire !
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Articles associés

Derniers articles

Les accidents du travail ne sont pas une fatalité !

Le secteur de l’intérim a cumulé à lui seul près de 50 000 accidents du travail (AT) en 2021 et 45 650 en 2022, dont 52 accidents mortels et 31 dans le seul secteur du BTP. Cela signifie qu’en moyenne, un salarié intérimaire décède chaque semaine dans l’exercice de sa mission. Il s’agit d’une situation inacceptable ! Je mène depuis longtemps, aux côtés de notre conseil d’administration, ce combat sans concession pour obtenir une implication et une responsabilisation plus importantes des entreprises utilisatrices. Aussi, c’est avec une grande satisfaction que je salue la publication du décret du 5 juillet 2024, qui officialise le partage à parts égales du coût des accidents du travail et maladies professionnelles entre les entreprises de travail temporaire et les entreprises utilisatrices. Ce décret constitue une avancée significative dans l'amélioration de la santé et de la sécurité des salariés intérimaires, une priorité historique pour la branche du travail temporaire.

Prism’emploi et ses adhérents, au cœur du réseau pour l’emploi

Après la promulgation de la loi dite « pour le plein emploi » du 18 décembre 2023, la convention tripartite du 30 avril dernier...

La démarche Mission Jeunes fête ses 10 ans

Trois questions à Stéphane VALLI, Président de l'Union Nationale des Missions Locales. Pouvez-vous décrire le type d’accompagnement que les Missions Locales offrent aux jeunes ? Suite...

Vous souhaitez recevoir les derniers articles ?

Abonnez-vous à nos alertes.